N’arrêter jamais de réver

Je souhaite à tout le monde de partir à l’aventure, de quitter son confort originel. C’est un luxe qui n’a pas de prix et qui ne demande qu’à faire un choix.

Partir tout seul a été, de loin, la chose la plus difficile à surmonter. Derrière mon air parfois absent, parfois chiant, j’ai besoin des autres. Pour chaque choix que je fais, j’ai besoin de l’avis de mon voisin. Si je regarde derrière moi, j’arrive à voir les traces que j’ai laissées. J’ai l’impression d’être plus fort maintenant, mais je suis aussi plus sensible. Le savoir-vivre seul est une chose que j’ai fini par apprécier et désormais j’essaye de réapprendre à vivre avec vous.

C’est vrai quoi ! J’ai parcouru un paquet de kilomètres, vécu des moments improbables, vu des choses magnifiques, parfois bouleversantes. Dans ma tête tout se mélange. Les souvenirs s’agglutinent, et ce mode de vie m’a transformé. Pendant ces quelques mois, l’aventure est devenue une habitude. Puis après moins d’une journée d’avion, je retrouve mon confort, ma famille, mes amis. Presque rien n’a changé ici. Je suis désorienté. Je dois reprendre des forces, car les derniers mois de ce voyage m’ont complètement affaibli, physiquement et moralement. La maladie m’a cloué au lit avant même que j’ai eu le temps de savourer ma réussite.

Après la fin de mes indigestions me voilà assommé d’un grand coup sur la tête. On l’appelle le blues du retour. Je vis chez mes parents faute d’avoir envie d’un nouvel appartement. Je suis au bord de la mer, un endroit merveilleux, parfait pour écrire, parfait pour respirer l’air pur après un mois dans la capitale la plus polluée du monde. Je suis bien ici. Je travaille de temps en temps. Je donne des cours, réalise des conférences, des salons, parle de mes aventures.

Je partage les moments difficiles comme les plus beaux. J’en ai le besoin et c’est avec un grand plaisir et beaucoup d’acharnement que je le fais. Vos soutiens, vos messages, vos blagues nulles comptent beaucoup pour moi. Elles comptent énormément quand on est loin de tout et presque autant quand on revient. Être solidaire c’est avant tout partager, partager son savoir, son expérience, sa vie et ses passions. C’est ma façon d’exister dans cette société. Cela fait partie de mes motivations dans les différents projets que je réalise. Je ne cherche pas à changer le monde, mais j’essaye d’y ajouter une nuance chaleureuse. Je ne souhaite pas vous agacer, mais plutôt trouver un sens à cette vie qui nous est offerte.

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Cette phrase prend tout son sens quand on vit sur la route. Depuis que je l’ai comprise, je m’arrête souvent, je prends le temps de discuter avec tout le monde, de partager des moments simples. C’est comme une partie de pêche, tu poses tes lignes et tu espères. Peut-être que l’une d’entre elles va se tendre et dévoiler ce qui se cache sous la surface de l’eau.

Cette année a été aussi belle que difficile. J’ai parcouru 17 000 km en solitaire, à moto, sans crever. J’ai eu un accident qui aurait pu finir tragiquement. J’ai rencontré des centaines de personnes en traversant 18 pays. J’ai fait cinq indigestions, perdu plus de dix kilos et le peu d’énergie qui me restait. Malgré tout je suis revenu plus fort. C’est grâce à vous et à toutes les personnes qui ont croisé ma route que j’ai, chaque fois, réussi à me relever. J’ai vécu plus de belles choses que je ne pouvais l’imaginer. J’espère vous avoir fait vibrer, vous avoir donné envie de partir. Je vous souhaite à tous de vivre une expérience comme la mienne.

Il suffit de pas grand-chose et même si vous pouvez y laisser des plumes ça vaut le coup d’essayer ! Vivre et préparer ces aventures c’est comme tomber amoureux. On a beau en baver, une fois que c’est fini on ne demande qu’à recommencer.

C’est devenu ma vie, ma nourriture, je prépare de nouveaux plats et j’espère qu’ils seront délicieux.

  6 commentaires pour : "N’arrêter jamais de réver"

    1. Le blues est passé, mais ça fait du bien d’en parler.
      Je tâcherai de ne pas faillir et de vous en faire baver !

  1. Dans ton texte, je retrouve tant de sensations vécues personnellement au cours de mes précédents voyages …. et à vivre au cours des prochaines virées.

    Cette désorientation dont tu parles après un jour d’avion, c’est ce que je ne voudrais surtout pas connaitre. J’ai trop besoin de cette lenteur dont parle si bien Nicolas Bouvier dans son très beau récit “L’usage du monde”, Ce changement dans le paysage, les coutumes que tu apprivoises au fil des kilomètres parcourus sur ta moto, ces frontières que j’assimile à des portes à ouvrir pour découvrir autre chose, ce bonheur de sentir ton corps et ton esprit se fondre dans l’environnement que tu traverses.

    J’aime partir de chez moi avec ma moto et retrouver ma maison de la même manière. J’aime le départ, quand un poids énorme semble m’étouffer avant le grand saut, quand je sens que je m’allège au fur et à mesure que les kilomètres défilent, J”aime ce moment où j’oublie le monde que j’ai laissé, où je deviens juste un nomade, un voyageur.

    Tu as mis le pied à l’étrier, comme je l’ai fait il y a 35 ans, et je sens au travers de tes écrits que tu éprouves le même bonheur.

    Je souhaite, comme je l’ai vécu, que tes retours ne seront qu’une parenthèse avant un nouveau départ, que tu te sentiras un peu plus grandi à chaque fois.

    En plus, lors de ton prochain voyage, tu vas avoir ce plaisir supplémentaire de chevaucher un pur sang,

    Très bon voyage à toi!

Et vous qu'en pensez-vous ?

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